Bonjour
Marie,
je
viens de recevoir votre envoi qui m’a fait très plaisir et dont je
vous remercie.
Le
récit de votre vie et de celle de votre maman m’ont beaucoup
intéressée. Vous dites que vous avez écrit vos souvenirs.
Pouvez-vous me les communiquer ? Cela m’intéresse beaucoup dommage
que je ne les ai pas eu plus tôt pour les joindre aux témoignages
que j’ai collectés.
Sur
les conseils d’une amie ethnologue j’ai envoyé hier mon texte à
deux éditeurs, c’est une bouteille à la mer mais, si je ne
cherche pas particulièrement à être publiée, une plus grande
audience me permettrait sans doute d’autres rencontres et d’autres
partages sympathiques comme avec vous.
Vous
semblez avoir une vie de famille qui vous comble, tant de petits
enfants doivent vous accaparer !
Moi,
mon bonheur m’est venu de mes enfants. J’ai trois fils.
Merci
beaucoup pour le programme. M-L Jacquemin, est-ce vous ou votre maman
?
Luc va
sans doute le joindre au texte. L’annonce de la quête m’a bien
amusée !
Oui
j’aurai plaisir à bavarder avec vous plus longuement quand vous
voudrez.
Si une
publication s’annonçait peut-être pourrions nous collaborer ?
Je
vous embrasse (oh pardon, c’est interdit...)
Annick
Rivierre-Biétry
11 rue
Éliane
14000
CAEN
02 31
34 23 92
---
Ravie
de savoir que l'envoi vous ait plu. Je dois vous dire que j'éprouve
une grande méfiance pour l'ordinateur. Je ne sais pas faire grand
chose avec.
Oui, je vous enverrai bientôt les quelques pages
concernant le pensionnat. J'ai commencé à le fréquenter en octobre
39, à Lisieux où nous venions d'arriver. Ce fut pour moi une
horrible découverte, dorlotée par mes grandes sœurs, ce
monde glacé me fait encore froid dans le dos... À Lisieux, les
externes étaient plus nombreuses que les pensionnaires. J'eus une
petite amie, élève de maman, chez qui j'allais jouer de temps en
temps. Ses parents ainsi que sa petite sœur furent tués au
bombardement du 7 juin. J'en ai eu un gros chagrin. C'était des gens
particulièrement sympathiques. Un prêtre venu prêcher une retraite
à Orbec à qui je confiais ma peine, me rétorqua que ce qui était
arrivé était la faute des péchés des hommes et qu'il faudra
beaucoup prier pour demander pardon... Il fallait mon caractère de
bourrique pour se remettre de cela !
Sur le programme, c'était
moi, hélas ! Je me suis mariée à 17 ans. Nous venons de fêter nos
63 ans de mariage. Avec le recul, je me demande maintenant si
l'attirance que j'ai eu immédiatement pour Charles ne venait pas
aussi du désir d'échapper à l'avenir que m'avait tracé ma mère...
En tous cas ce fut très réussi ! Je dois vous dire que nos enfants
nous trouvent très fous ! Nous avons une fille de 62 ans très
artiste qui crée des bijoux assez déjantés, mais très jolis, et
deux garçons : l’aîné à fait les beaux-arts de Dijon et a
créé une entreprise de signalétique, le deuxième est chef
d'exploitation dans une multi-nationale de céréales. Il chante aux
chœurs du conservatoire et fait aussi beaucoup de sport. Ils se sont
accrochés à Nevers comme des huîtres au rocher... Je ne les ai
jamais embêtés avec la musique mais ils en ont faits comme ils ont
voulu. Si maman a été terrible avec moi, elle a été pour eux une
très bonne grand-mère. Nous sommes Ligériens à fond ! Bon !
J'arrête ici mon bavardage, moi aussi je vous embrasse.
Marie